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Mardi 30 septembre 2014 2 30 /09 /Sep /2014 19:48
Interview parue ce matin dans le journal "Les Echos"
Le gouvernement juge qu’aller au-delà de 50 milliards d’économies sur trois ans pénaliserait la croissance. Votre plan de 110 milliards sur cinq ans ne va-t-il pas trop loin?
Je réfute l’argument selon lequel il y aurait une corrélation entre mesures d’économies et effet récessif sur la croissance. C’est un alibi pour ne pas faire les réformes. Tous les pays qui ont fait des plans d’économies massifs dans le passé, comme le Canada et la Suède, ont dans la foulée connu de fortes croissances.
En 2007, vous évoquiez « un Etat en faillite ». Et aujourd’hui ?
Je crains que la France ne soit à la veille d’un accident financier grave qui pourrait faire éclater la zone euro. Pour l’heure, notre pays ne tient que parce que les taux d’emprunts sont bas. Mais cette bulle n’est pas durable : pas de croissance, un chômage qui progresse, une dette qui explose et dépasse les 2.000 milliards, des déficits qui ne se résorbent pas et l’impossibilité de ramener le déficit sous les 3% même en 2017… la crise ne fait que s’aggraver. Face à cela, il faut une véritable refondation économique et sociale. Pas une « trépanation » mais une guérison.
Le débat sur vos mesures existe dans votre camp, et notamment avec Alain Juppé ou Nicolas Sarkozy…
Oui il y a un débat sur l’urgence et l’intensité des changements à conduire. Depuis trente ans, y compris moi, nous prônons la réforme progressive… Mais c’est l’honneur d’un responsable politique de reconnaître qu’il s’est trompé et que les remèdes d’hier ne sont plus à la hauteur de la situation. L’idée qu’un grand pays doive ramener ses dépenses publiques au niveau de ses ressources me paraît incontournable. Si la crise économique se double d’une crise politique, c’est parce que les Français jugent que les solutions mises en œuvre par les responsables politiques depuis 20 ans ont toujours été insuffisamment courageuses.
« Il n’y a pas de plan d’économie qui soit indolore », a dit François Hollande. Le vôtre va plus loin. Comment le faire accepter par l’opinion ?
La meilleure façon, c’est d’abord d’assumer ces mesures plutôt que de continuer à proposer des programmes électoraux alléchants avec un concours de dépenses. Les Français sont prêts à des réformes puissantes. Ils sont capables de comprendre qu’un pays qui croule sous les déficits est en sursis. Ils doivent être pris à témoin lors de la présidentielle et des législatives sur le principe de la baisse du poids de la dépense publique. On me dit que c’est électoralement dangereux. Moi je fais le pari de la vérité. Ce qui est dangereux c’est la faillite économique. Après l’échec de la gauche, la droite devra redresser le pays avec un courage sans précédent sinon c’est la porte ouverte aux extrêmes.
L’Etat doit il se recentrer sur certaines missions ?
Je suis convaincu que l’on peut réduire le poids du secteur public sans remettre en cause ses missions essentielles. Les exemples étrangers montrent que même dans les pays où le poids de la dépense a été fortement réduit, il y a peu de secteurs où l’Etat s’est retiré complètement. C’est pourquoi, je propose de réduire, en 5 ans, les effectifs des fonctions publiques de 600 000 postes, de porter le temps de travail à 39 heures hebdomadaires, d’offrir de meilleures perspectives salariales aux agents de la fonction publique. Ces propositions permettent de réduire la dépense publique et de maintenir les missions de l’Etat.
Pour les collectivités, vous voulez passer de 4 à 2 échelons. Quels échelons supprimer ?
J’ai toujours défendu la fusion des départements et de régions et celle des communes et intercommunalités. C’est l’un des sujets les plus difficiles à faire accepter, non pas parce que l’opinion publique y est défavorable, mais à cause du poids des élus locaux dans notre système législatif. C’est pour cela que j’ai proposé de longue date un référendum sur la fusion des collectivités et de la réduction du nombre de parlementaires.
Nicolas Sarkozy vient de reprendre cette proposition…
Je m’en réjouis !
Vous voulez encadrer le pouvoir de fiscalité des collectivités et leurs effectifs. Cela va à l’encontre de leur libre-administration.
Mais ce référendum proposera aussi sur ce point la modification de la Constitution. On ne peut pas continuer à avoir un système dans lequel on veut réduire le poids de la dépense publique et s’interdire de contrôler la dépense locale. Je propose en échange que l’on fixe une règle intangible : quand l’Etat transfère une compétence, qu’il laisse les collectivités la gérer comme elles l’entendent. Quant aux dotations, elles devront encore être réduites.
La moitié de vos économies sont programmées sur les régimes sociaux. Soutenez-vous celles annoncées par le gouvernement sur la famille ?
Non ! Car il s’y prend toujours avec la même méthode en refusant de faire des réformes structurelles et en procédant par des coupes injustes. Et avec ce gouvernement, cela tombe toujours sur le même public. Plutôt que d’allonger la durée du travail, on grève le pouvoir d’achat des retraités. Plutôt que de toucher à l’AME, on touche au congé parental. Réduire le congé parental à ce niveau, c’est violent. Et faire croire que c’est une mesure d’égalité homme-femme est hypocrite !
Pour les ménages, vous ne prévoyez pas de baisse d’impôts à court terme. Est-ce tenable ?
L’urgence nationale c’est la croissance et l’emploi. Je propose un effort prioritaire sur les entreprises avec une baisse des charges financée par une hausse de 3,5 points de la TVA. Je propose aussi une refonte de la fiscalité du capital. La baisse de la fiscalité des ménages viendra quand se feront sentir les premiers résultats sur la croissance. C’est réaliste et c’est un discours que les Français peuvent entendre.
A en croire certains commentateurs, la grande nouvelle , ce soir , c’est l’entrée de 2 sénateurs FN au Sénat. 2 sur 348! Ce n’est certes pas , j’y reviendrai , un événement négligeable. Mais je rappelle que ce n’est pas la première fois que le FN entre au Parlement. Il y a eu 35 députés FN à l’Assemblée Nationale en 1986 … et les portes de l’Elysée ne se sont pas ouvertes pour autant au leader du FN.
La nouvelle la plus importante ce soir, c’est que le Sénat change de majorité. Son prochain Président sera issu des rangs de la droite et du centre. J’espère que ce nouveau Président et cette nouvelle majorité UMP/UDI et leurs alliés redonneront au Sénat l’image et le rôle qu’il mérite.
La poussée du FN , je l’ai dit , ne doit pas être pour autant négligée. Plus que jamais, nous devons poursuivre , amplifier notre travail d’explication afin d’ouvrir les yeux de tous nos concitoyens sur les périls que ferait courir à la France et aux Français la mise en oeuvre de propositions souvent fallacieuses.
A nous de montrer le chemin de la bonne alternance. C’est ce à quoi je vais consacrer avec vous toute mon énergie.
Jeudi 18 septembre 2014 4 18 /09 /Sep /2014 16:15
Réaction et perspectives d'avenir suite à la conférence de presse de François Hollande sur le plateau du journal de France 3 :
Mardi 16 septembre 2014 2 16 /09 /Sep /2014 11:19
Intervention devant mes amis députés et sénateurs réunis à l'occasion de la rentrée parlementaire
Mes chers amis,
Je voulais vous rassembler pour marquer le début de cette session parlementaire qui débute dans un contexte de crise politique majeure.
Depuis 2 ans, contre vents et marées, je poursuis avec vous une ligne de conviction que les évènements ne démentent pas.
Je dis que la France est entrée dans une phase de déclin qui n’est pas conjoncturelle.
Je dis que l’intégrité et le courage doivent être le fil de notre action et que l’UMP doit retrouver son honneur perdu.
Je dis qu’il faut bâtir un projet nouveau et très puissant car on ne pourra plus prétendre redresser la France avec des postures et des demi-mesures.
Notre pays est au bord du KO et la situation réclame du sang froid et un sens aigu de l’intérêt national.
Sur le plan international, la situation est pleine de dangers.
A l’Est, la crise ukrainienne a été et reste à deux doigts de recréer une nouvelle guerre froide.
J’ai eu l’occasion de dire combien je regrettai que la France n’ait pas voulue faire entendre un message singulier vis à vis de la Russie.
Maintenant que les gouvernements ukrainien et russe ont rétabli un dialogue qui est très fragile, faisons en sorte de ne pas gâcher les occasions de réduire les tensions avec Moscou qui est un partenaire indispensable face à la crise que traverse le Moyen Orient.
Le chaudron du terrorisme intégriste constitue une menace dont j’ai pu mesurer l’organisation et la barbarie.
Avec Valérie Pécresse, Eric Ciotti, Pierre Lellouche et Etienne Blanc, je me suis rendu en Irak pour évaluer la situation et témoigner de notre soutien aux Chrétiens d’Orient.
Hier, la conférence de Paris a permis de mobiliser une vingtaine d’Etats.
Elle n’a, hélas, pas permis de franchir deux obstacles sérieux sur le chemin de la paix en Irak : la question de la participation de l’Iran et celle du double jeu pratiqué par plusieurs Etats de la région.
Et elle n’a pas abouti à des engagements chiffrés, précis, à la hauteur du drame en matière d’aide humanitaire.
Pour autant, nous n’avons pas le choix : avec la coalition internationale, nous devons nous engager dans un combat indispensable pour défendre des valeurs et notre sécurité collective, mais ce combat sera difficile et expose notre territoire.
A l’international, les feux sont au rouge, et sur le plan national, la situation vire au noir.
Cet après-midi, le Premier ministre va tenter de sauver les apparences d’un pouvoir en perdition.
Il obtiendra peut être la confiance de sa majorité mais elle sera dérisoire face à la défiance généralisée du pays.
500.000 chômeurs de plus depuis 2012, 0% de croissance, déflation en vue, immoralité de certains ministres, fronde à gauche… Tout part à vau-l’eau.
Seule la force des institutions – merci de Gaulle ! - permet encore de protéger la faiblesse de l’exécutif actuel.
Face à l’urgence, il faudrait un électrochoc, mais rien ne vient.
A l’Elysée, on n’est pas en guerre contre la déflation et le chômage de masse ! On est dans le déni et dans l’espoir d’une improbable éclaircie.
On attend tout du pacte de responsabilité dont les éventuels bénéfices n’interviendront que dans plusieurs mois ; on prie chaque mois pour que le chômage soit freiné par l’utilisation massive des emplois aidés ; on prend passivement acte de l’augmentation de nos déficits et de la dette qui atteindra 100% du PIB en 2016 ; on implore Bruxelles d’excuser notre pays de ne pas savoir remettre ses comptes publics en ordre ; et puis, on espère tout de Mario Draghi, comme si la BCE pouvait à elle seule relancer la France.
L’installation de la nouvelle commission européenne a démontré l’effacement de la France.
Honte et inquiétude : voilà ce que j’éprouve devant cet abaissement national qui déséquilibre l’Union européenne et qui ruine un peu plus dans l’opinion française la cause de l’Europe.
On le sait, ce vote de confiance n’est malheureusement pas destiné à refonder une politique qui échoue. Son but est de maîtriser les divisions qui déchirent les socialistes.
On est très loin des préoccupations du pays !
La gauche est en pleine déroute idéologique.
Ceci dit, les critiques contre François Hollande ne seraient pas aussi sanglantes si les résultats étaient au rendez-vous et si au sommet de l’Etat l’absence de leadership n’était pas aussi flagrante.
Aucun patriote ne peut se réjouir de voir la France si mal en point.
Je n’apprécie pas M.Hollande, mais j’aime mon pays !
C’est la raison pour laquelle j’ai évoqué dans une tribune parue hier dans le journal Le Monde l’idée d’un agenda national pour sortir la France de sa détresse économique.
Puisque le Président ne veut pas dissoudre l’Assemblée, puisqu’il ne veut pas démissionner, puisque l’option du remaniement gouvernemental est épuisée, puisque sa majorité est déliquescente, au lieu de se bunkeriser, François Hollande ferait bien, pour une fois, d’écouter l’opposition républicaine !
En Europe, il y a des exemples de gouvernements qui ont l’audace de prendre en compte leurs opposants, et il y a des opposants qui acceptent de servir l’intérêt national dès lors que les objectifs sont clairs.
Il ne s’agit pas de se fondre dans la mélasse gouvernementale ni de jouer les supplétifs d’un pouvoir aux abois, il s’agit de définir un agenda national, calibré sur quelques mois, ciblé sur des réformes fondamentales pour redresser la France : assouplissement rapide du marché de l’emploi, baisse immédiate et sans contreparties du coût du travail, réduction forte des dépenses publiques…
Voilà les axes autour desquels il serait bien venu de rassembler les volontés avant qu’il ne soit trop tard.
Mes amis,
L’actualité de l’UMP est également dominée par l’organisation de notre Congrès.
Pour gérer notre mouvement et surmonter ses épreuves financières et judiciaires, j’ai dit qu’il serait bon qu’une nouvelle génération prenne ses responsabilités car notre parti doit valoriser de nouveaux talents, de nouvelles méthodes…
Mais la compétition est ouverte et c’est aux militants de se prononcer !
Mon rôle au sein de la direction collégiale me commande de rester au-dessus de cette compétition interne.
Je rencontrerai tous les candidats. Je veux connaître leurs objectifs, leurs programmes, leurs valeurs…
Il m’intéresse de savoir quel est leur projet et je suis vigilant sur le respect de nos statuts, notamment sur le respect des primaires ouvertes qui sont la seule solution pour unir l’opposition et faire barrage à l’extrême droite.
A vous mes amis, je ne donne aucune instruction.
Je méprise la caporalisation et les pressions qui pourraient s’exercer sur vous.
Vous êtes libres, vous êtes responsables, vous voterez selon votre conscience, car je me suis assez battu pour que la démocratie au sein de notre mouvement soit respectée pour ne pas respecter votre indépendance et celle des militants.
Quant à moi, vous connaissez mon calendrier et vous savez mon objectif : je serai présent à la primaire de 2016 avec mon projet pour la France qui sera un projet sans concession.
Rien n’altérera ma détermination car je me bats pour des convictions et je crois en mes solutions.
Quand son pays est en crise, on ne calcule pas, on assume les combats qu'exige son redressement.
Voilà mon état d’esprit.
De façon responsable, j’entends faire entendre ma voix, une autre voix, car l’UMP n’est pas une caserne.
Le moment venu, les primaires seront précisément là pour arbitrer démocratiquement nos différences.
Alain Juppé a d’ores-et-déjà annoncé qu’il serait aussi candidat.
C’est une candidature de valeur, et j’ai lu avec intérêt son analyse de la situation française et ses orientations.
J’ai le sentiment qu’il est guidé par un réformisme prudent.
Mon jugement est beaucoup plus tranché que lui et mes solutions plus radicales.
Entre nous tous, le débat s’annonce donc intéressant, du moins si l’on consent à parler de l’essentiel : c’est-à-dire de la France.
Au-delà de nos destins personnels, dans dix ans, que sera notre pays ?
Une nation que le monde regardera de façon condescendante ?
Une nation sous tutelle du FMI ?
Ou sera-t-elle la première puissance européenne, productive, innovante, confiante dans l’avenir ?
C’est cette question qui nourrit mon engagement.
Dans cette bataille pour la France, j’ai besoin de votre mobilisation pour relayer nos messages, quadriller le terrain, rassembler les Français qui veulent un vrai débat et un vrai changement.
Les sondages, les scénarios écrits d’avance... tout ceci n’a aujourd’hui que peu d’importance. C’est l’écume des jours par rapport à la crise économique et existentielle que vivent les Français.
D’ici 2017, beaucoup d’eau coulera sous les ponts.
La seule chose qui restera c’est le travail de fond, c’est le projet politique qui nous permettra d’être, le moment venu, au rendez-vous de vérité du pays.
C’est ce travail que j’ai engagé avec vous et que je vais poursuivre avec liberté et ténacité.
Lundi 15 septembre 2014 1 15 /09 /Sep /2014 22:09
Tribune publiée dans le journal Le Monde de ce mardi
Seulement cinq mois après sa déclaration de politique générale, le Premier ministre va tenter, le temps d’un discours, de sauver les apparences d’un pouvoir en perdition. Sans doute, le Gouvernement obtiendra-t-il la confiance de sa majorité mais elle sera dérisoire face à la défiance généralisée du pays.
La France est en plein marasme et le risque d’une rupture sociale ou démocratique ne peut être exclu. Manuel Valls a prétendu que l’extrême droite était «aux portes du pouvoir». A qui la faute, si ce n’est au Chef de l’Etat qui par son indécision et ses erreurs a fait basculer la République dans la dépression.
500.000 chômeurs de plus depuis 2012, 0% de croissance, déflation en vue, immoralité de certains ministres, fronde à gauche… Tout part à vau-l’eau. Seule la force des institutions permet encore de protéger la faiblesse de l’exécutif actuel, mais à ce rythme la France sera bientôt KO.
Face à l’urgence, il faudrait un électrochoc, mais rien ne vient.
Quel est le but de ce vote de confiance ? Surement pas d’engager une série de réformes enfin radicales. A l’Elysée, on n’est pas en guerre contre la déflation et le chômage de masse ! On est dans le déni et dans l’espoir d’une improbable éclaircie.
On attend tout du pacte de responsabilité dont les éventuels bénéfices n’interviendront que dans plusieurs mois ; on prie chaque mois pour que le chômage soit freiné par l’utilisation massive des emplois aidés ; on prend passivement acte de l’augmentation de nos déficits et de la dette qui atteindra 100% du PIB en 2016 ; on implore Bruxelles d’excuser notre pays de ne pas savoir remettre ses comptes publics en ordre ; et puis, on espère tout de Mario Draghi, comme si la BCE pouvait à elle seule relancer la France qui est devenue le maillon faible et discrédité de l’Europe.
Ce vote de confiance n’est malheureusement pas destiné à refonder une politique qui échoue. Son but est de maîtriser les divisions qui déchirent les socialistes. Le parti socialiste est en pleine déroute idéologique. Le simple fait de dire qu’on «aime les entreprises» est considéré comme une trahison par ceux qui avaient cru que la finance serait mise au pas. Voilà où mène la démagogie. Ceci dit, les critiques ne seraient pas aussi cruelles si les résultats étaient au rendez-vous et si au sommet de l’Etat le vide de leadership n’était pas abyssal.
Aucun patriote ne peut se réjouir de voir notre pays si mal en point. J’exhorte François Hollande de choisir maintenant entre le sursaut ou le naufrage. Puisque sa politique est en échec, puisque la dissolution ou la démission ne semblent pas être à son ordre du jour, alors, pour une fois, qu’il écoute l’opposition républicaine !
Qu’il tente, avec elle, de définir un agenda national, ciblé sur des réformes fondamentales pour redresser le pays : assouplissement rapide du marché de l’emploi, baisse immédiate et sans contreparties du coût du travail, réduction forte des dépenses publiques, pacte avec l’Allemagne pour accompagner la stratégie d’assouplissement engagée par la Banque Centrale Européenne qui ne fonctionnera que si les Etats de la zone euro accentuent leurs ajustements structurels. Voilà les axes autour desquels on pourrait rassembler les volontés.
A la mi-temps de son quinquennat, François Hollande doit trouver le courage de se changer et de changer la France. S’il faut pour cela qu’il annonce qu’il ne se représentera pas en 2017, qu’il le fasse ! Il n’en sera que plus libre pour servir le pays. Au lieu de laisser à son Premier ministre le soin de trouver une majorité pour survivre, il est temps pour la France de trouver un chemin pour agir vraiment.
Notre nation n’est pas condamnée. C’est notre système qui l’est, or, un système ça se change ! Grâce à ses ressources, notre pays peut effectuer son retournement en deux ans, se relever en cinq ans, et en l’espace de dix ans, il peut être la première puissance européenne. Cet objectif est le mien et il est atteignable dès lors qu’on est décidé à transformer la France
Jeudi 11 septembre 2014 4 11 /09 /Sep /2014 15:59
De retour d’un déplacement en Irak et au Kurdistan début septembre, l’ancien Premier ministre défend l’idée d’une intervention militaire de la France et somme l’Europe, notamment l’Allemagne, de sortir de sa passivité.
Pourquoi avez-vous voulu aller en Irak ?
Aller sur place était pour moi un moyen d’accroître la pression publique sur les gouvernements ; le nôtre et ceux de l’Europe. Les évêques français ont fait la même chose avant moi en août dernier. Leur démarche a beaucoup pesé dans la prise de conscience nationale et dans les décisions du gouvernement. Mon témoignage et mon engagement visent à tirer la sonnette d’alarme car nous sommes en alerte rouge pour les chrétiens d’Irak, mais aussi pour l’équilibre de toute la région.
Ce voyage était-il aussi un signal pour les catholiques de France ?
Sans vouloir réserver aux chrétiens notre regard et notre compassion – ils ne sont pas les seuls à souffrir en Irak – la France a une mission particulière envers eux que lui confère l’histoire. Au-delà de la question des chrétiens d’Orient, ce sont celles de la liberté religieuse, la liberté de conscience et la coexistence de communautés qui sont en jeu et pour lesquelles la France s’est toujours battue. Si l’État français ne se préoccupe pas des chrétiens d’Orient, quel État le fera ? La France n’est pas la seule à défendre la liberté de conscience, mais elle est historiquement en pointe. Dans beaucoup d’autres pays européens, on voit ces événements comme des drames régionaux. Or il y a un risque de basculement non seulement là-bas mais aussi chez nous, en Europe.
Pourquoi les chrétiens d’Orient ont-ils un rôle central dans cette région ?
Cette minorité apparaît à tort comme n’étant pas chez elle. On se dit que si les chrétiens ne peuvent plus vivre en Orient, ils reviendront en Europe... Mais ils ne sont pas européens ! Ils sont chrétiens d’Orient depuis 2000 ans ! Aujourd’hui, notre passivité risque de favoriser un affrontement entre des pays musulmans revendiquant chacun une communauté. D’un côté les chiites, de l’autre les sunnites... Si on abandonne les chrétiens d’Irak, tout le Moyen-Orient va s’embraser !
Le déplacement de François Hollande le 12 septembre en Irak est-il utile à vos yeux ?
Le fait d’aller en Irak oblige le Président à s’engager. Au-delà de la fourniture d’armes aux kurdes, je soutiens la participation directe des forces françaises au combat. Il faut aller plus loin que de fournir des armes au Kurdistan. Les Kurdes ne vaincront pas seuls. Ils réclament notamment un soutien aérien et de renseignements.
Vous soutenez un engagement direct de la France ?
La première urgence est d’apporter aux populations un soutien humanitaire. Et aussi un soutien militaire puissant. J’étais contre un engagement de la France en Irak en 2003. On pouvait critiquer Saddam Hussein à l’époque mais il n’avait pas d’armes de destruction massive… Aujourd’hui, Da’ech est une arme de destruction massive en Irak !
Soutenez-vous les demandes de droit d’asile des chrétiens d’Orient ?
Beaucoup de chrétiens m’ont confié vouloir quitter l’Irak... Ils ont le sentiment qu’il n’y a plus d’avenir pour eux. Ils sont aussi traumatisés par l’attitude de leurs propres voisins qui en ont profité pour voler leurs biens. Ils ne reviendront jamais sans la présence d’une force internationale pour sécuriser les lieux. Bref, il y a une énorme crise de confiance. Partir ou rester : il faut leur offrir le choix. On ne peut être complices d’un exode généralisé. Pour autant, si des gens, dont la vie est menacée, souhaitent venir en France et en Europe, le droit d’asile doit s’exercer pleinement.
L’armée française, qui a énormément souffert des coupes budgétaires sous les derniers gouvernements, a-t-elle les moyens d’être présente sur tous les fronts ?
N’exagérons pas. Une intervention française aux côtés des États-Unis dans le cadre d’une coalition internationale, avec des moyens aériens, des forces spéciales et des livraisons d’armes, ce n’est pas insurmontable ! Ce qui, en revanche, est lourd, c’est de déployer beaucoup de monde sur le terrain. En Irak, compte-tenu de l’insécurité, il faudrait des effectifs très importants. Nous ne sommes pas au Mali. Il est hors de question d’intervenir à Mossoul avec 3000 hommes, ce serait un massacre.
Mais l’Europe ne laisse-t-elle pas la France seule en Irak ?
Il n’est plus possible que la France aille seule défendre le reste des Européens, comme nous l’avons fait au Mali ou en Centrafrique. Si les Européens ne veulent pas y aller, qu’au moins ils paient ! En particulier l’Allemagne. J’ai beaucoup de respect pour Angela Merkel. En revanche, je considère que la passivité allemande sur les crises internationales, au nom de son histoire, devient problématique. L’Allemagne, qui présente un excédent budgétaire et qui n’hésite pas, à juste titre, à nous demander de faire des efforts sur le plan économique, ne peut pas refuser systématiquement d’engager des forces dans les conflits. Si une coalition internationale s’engage en Irak, l’Allemagne doit y participer.
La passivité de l’Union Européenne pose aussi question. Sur le front des réfugiés, elle pourrait prendre en charge les dépenses humanitaires. Faute d’avoir une armée, elle pourrait assumer les charges financières des États engagés. Malheureusement, de nombreux pays, notamment en Europe du Nord, ne se sentent pas concernés. Cette affaire touche pourtant le monde entier, et l’Europe au premier chef.
Selon Bernard Cazeneuve, le nombre de djihadistes français est estimé à 800 individus. La France a-t-elle les moyens, et la possibilité réelle, d’éviter des actes terroristes sur son territoire ?
Ce chiffre est en-dessous des réalités. Les informations que j’ai pu recueillir auprès des services kurdes laissent entendre que plus de 10 000 étrangers auraient rejoint les rangs de Da’ech. La menace est considérable et cette question est évidemment préoccupante pour la sécurité de nos pays.
La première chose à faire, c’est d’aller les combattre sur place. Sur ce point-là, nous ne devons pas avoir d’état d’âme. Ensuite, la France doit renforcer sa législation. Bernard Cazeneuve doit présenter la semaine prochaine à l’Assemblée nationale un texte pour criminaliser le fait d’avoir l’intention de rejoindre cette guerre. Il suggère aussi de retirer les passeports de ces djihadistes français et, dans un certain nombre de cas, de demander la déchéance de leur nationalité.
Que pensez-vous de la Turquie qui a la réputation d’une passoire pour les candidats au djihad ?
Nous devons renforcer la coopération avec la Turquie. Comment se fait-il que ce pays, très fortement administré, laisse passer autant de djihadistes à ses frontières ? Est-ce parce des fonctionnaires font mal leur travail ou est-ce une politique cachée pour soutenir des mouvements qui veulent la chute de Bachar el-Assad ? Il y a une ambigüité à lever.
Le 9 septembre, les musulmans de France ont lancé l’appel de Paris en faveur des chrétiens d’Orient. Est-ce un tournant pour l’islam de France ?
L’extrême violence de Da’ech peut contribuer à une prise de conscience des responsables religieux. Plusieurs chefs religieux et pays musulmans ont condamné ces agissements mais pas tous. En France, l’enjeu est considérable.
La diplomatie française peut-elle à la fois soutenir les chrétiens d’Orient et commercer avec certaines monarchies du Golfe qui ont soutenu Da’esh pendant des années ?
Il faut mettre ces pays devant leurs responsabilités. Et je propose d’aller plus loin en demandant au gouvernement français de saisir le Tribunal pénal international (TPI) contre les auteurs des crimes commis en Syrie et en Irak. Cela concerne aussi les États qui s’en rendent complices. Si ces États ne craignent pas d’éventuelles sanctions économiques ou commerciales, la perspective qu’un jour, lors d’un déplacement à Paris, à Londres ou à Bruxelles, leurs représentants puissent être arrêtés et traduits devant le TPI leur fait peur.
La Russie peut-elle jouer un rôle dans une éventuelle coalition internationale ?
Je reste persuadé que si nous avions pris la peine de nous asseoir autour d’une table avec les Russes il y a deux ans sur la question syrienne, plutôt que de les mépriser, nous aurions pu résoudre la question du départ de Bachar el-Assad et la mise en place d’un régime de transition. Je ne défends pas la politique de la Russie, notamment en Ukraine, mais c’est une erreur de s’engager dans un bras de fer inutile et sans issue avec la Russie, alors qu’elle est indispensable pour peser sur la situation au Proche-Orient. Nous devons faire cause commune face à la montée du péril djihadiste
François FILLON
Mercredi 10 septembre 2014 3 10 /09 /Sep /2014 12:17
Le déficit public annoncé pour 2014 s’avère très supérieur à celui de 2013, alors que le Président avait pris l’engagement au nom de la France de le réduire progressivement vers 3%. Ce chiffre est un grave signal donné à toute l’Europe alors que l’Allemagne se rapproche de l’équilibre et même de l’excédent.
La faiblesse de croissance n’est pas une excuse. C’est l’absence de maîtrise de nos finances publiques qui continue à faire croître notre dette et la charge pesant sur les générations futures. Cette situation hypothèque notre souveraineté en nous rendant dépendant des prêteurs sur les marchés. Ce n’est pas ainsi que nous pourrons espérer recréer une dynamique de l’investissement et de l’emploi en France.
Elle traduit une carence de volonté et une grave irresponsabilité du gouvernement au-delà des mots. L’économie française n’est pas pilotée.
Le rideau de fumée se dissipe chaque jour un peu plus : ni François Hollande, ni Manuel Valls n’assument les décisions nécessaires au redressement de la France.
Dimanche 7 septembre 2014 7 07 /09 /Sep /2014 11:15
Discours prononcé ce dimanche à la Baule dans le cadre du Campus des jeunes UMP
Mes chers amis,
Vous aimez la France, vous croyez en elle et vous jugez utile de la servir, et c’est pourquoi vous avez répondu présent à ce campus de La Baule.
Merci à vous de ne jamais baisser les bras, merci de ne pas avoir abandonné le navire de l’UMP malgré les épreuves qu’elle doit surmonter, merci à François Pinte, Gatien Meunier, François-Xavier Priou et toute l’équipe de cette 7eme circonscription de Loire-Atlantique qui ont organisé cette rencontre.
Il faut beaucoup de foi et d’ardeur pour militer en politique, elle qui est trop souvent abaissée par toutes ces turpitudes qui font oublier l’honneur qu’il y a à s’engager pour son pays.
La France souffre et, autour d’elle, le monde va mal.
Aux portes de l’Europe, dans l’Est de l’Ukraine, le conflit civil fait rage, et chacun semble camper sur ses positions sans voir que c’est tout notre continent qui peut basculer dans une sorte de nouvelle Guerre Froide.
Combien de temps faudra-t-il pour comprendre que l’Ukraine doit être fédéralisée, que la Russie doit négocier et que l’Otan doit mesurer ses réactions ?
La crise ukrainienne n’est pas seulement le résultat de l’histoire post-soviétique, elle est aussi le résultat d’une incapacité collective à penser la grande Europe, et pour la penser, je regrette que la France ait perdue cette capacité à porter un message politique singulier qui ne se limite pas à suivre ses alliés.
Et puis, au Moyen-Orient, voici que la poudrière du terrorisme se mue en califat de la terreur.
J'achève un déplacement de trois jours en Irak au cours duquel j'ai visité plusieurs camps de réfugiés.
A cinq heures de vol de Paris, on assassine des enfants, des vieillards, des handicapés, on vend des femmes sur le marché !
Nous sommes en présence, non pas d’un «simple» conflit régional, mais d’un crime contre l’humanité. La décapitation des otages nous a révoltée, mais sachez qu’elle n’est, sur place, qu’une horreur parmi d’autres.
Parmi tous les réfugiés, beaucoup de victimes sont de confession chrétienne.
Ils sont là depuis 2000 ans ; 2000 ans à vivre encore et toujours autour des dernières églises qui témoignent d’une très longue histoire.
Aujourd’hui, ils n’ont pour choix que la fuite ou la mort.
Notre rôle est de les défendre, de les accueillir, pour ceux qui voudraient se réfugier en Europe, mais notre mission n’est pas d’organiser leur exode, c’est au contraire de se battre pour qu’ils puissent vivre chez eux, en paix.
Avec l’EILL, nous assistons à l’émergence d’un état terroriste avec des moyens financiers, une armée équipée et des volontaires étrangers susceptibles de porter leur guerre en Europe.
Son but affiché est d’entraîner le monde dans un conflit de religion et de civilisation.
Face à ce risque, une mobilisation diplomatique, militaire et humanitaire est nécessaire.
Il est indispensable d'avancer très vite sur la conférence internationale, avec la participation de la Turquie, de l'Iran et des états du Golfe.
Sur le plan militaire, nous avons soutenu la livraison d'armes mais il va falloir mettre les moyens pour éradiquer ce califat de la terreur et contrer son armée.
Quant à la situation humanitaire, elle est dramatique.
La France a été la première à réagir mais les besoins sont immenses et dépassent largement les seules actions publiques.
Sur place, des hommes et des femmes courageux et généreux sont à l’œuvre.
J’ai décidé personnellement de les aider à récolter des fonds qui iront à l’aide des réfugiés irakiens et vous pouvez aussi le faire car que serait la France sans sa fraternité, infidèle à sa réputation, infidèle à son histoire qui la lie à celle de l’Orient ?
Le prix de l’indifférence et de la lâcheté est plus élevé que le prix de la solidarité et du courage.
Voilà ce que je crois et ce que je voulais vous dire.
Plus j’observe les périls de notre monde, plus je vois le prix de la liberté, de la prospérité, de la grandeur.
La grandeur n’est pas un don du ciel, c’est un combat incessant pour être une nation forte.
Au rythme où nous allons, où en sera la France au terme de ce quinquennat ?
Depuis mai 2012, 28 mois ont passés, 28 mois gâchant les chances de la reprise, 28 mois pour rien.
Notre économie est à plat, le chômage atteint des pics inédits, l’Europe nous regarde comme le maillon faible de l’Union européenne alors que nous devrions être sa puissance entrainante.
Les perspectives de l’année 2015 sont médiocres, et tout indique que nous entrons dans un cycle de paupérisation qui est plein de danger pour notre pays.
Tout milite pour une réaction majeure au plus haut niveau, mais là haut, y a t-il encore vraiment un Chef d’Etat qui puisse être entendu, cru, suivi ?
François Hollande entraîne la France dans son KO.
Au-delà d’un livre indigne qui traine le président de la République dans la boue, c’est tout le pouvoir qui se trouve un peu plus discrédité par un manque de leadership, de cap, de résultats, de soutien populaire.
A l’heure où notre pays s’enfonce dans la déflation, à l’heure où l’Europe voit à nouveau réapparaître le spectre de l’affrontement à ses portes, à l’heure où la menace terroriste s’amplifie, le Président est décrédibilisé et le gouvernement impuissant.
Les coups fourrés et les zizanies au sein du parti socialiste sont indignes d’un parti majoritaire.
Le Premier Ministre, après quelques coups de menton pour tenter de restaurer une autorité déliquescente, se voit contraint de baisser la tête face aux frondeurs qui menacent de le lâcher à l’Assemblée nationale.
Peut-on encore le supporter dans un pays qui a perdu confiance en son avenir ; dans un pays qui a pris conscience de ses blocages et réclame de l’action.
François Hollande nous a replongé dans les errements de la IVème République avec l’issue funeste qu’on lui connaît.
Je lui demande de bien mesurer l’état moral et politique de la situation.
Changement complet de politique, dissolution, démission : libre au Président de choisir une porte de sortie, mais en toute hypothèse, il ne peut plus continuer son petit bonhomme de chemin comme si de rien n’était, comme si la désillusion du peuple n’était qu’anecdotique.
Désormais tout tient au fil de sa conscience. Qu'il regarde autour de lui: tout est écroulé. Il n'y a qu'un immense vide. Mais il peut encore rendre un service au pays et lui dire :" aidez moi, je me suis trompé". Et s'il a la moindre estime pour les Français et pour les pouvoirs que ces Français lui ont donnés, il peut encore sauver l'honneur perdu d'un quinquennat... du sien. Il n'y a pas d'illusion à se faire. Nous vivons un mai 68 moral; un naufrage de la dignité de l'Etat, une crise des valeurs républicaines, qui ouvre grand les portes à toutes les dérives.
Monsieur le Président, vous seul pouvez maintenant sauver la situation: choisissez la carte du courage !
Quant à l’opposition, elle doit se préparer à toutes les options.
Vous connaissez mon diagnostic : la France a besoin d’un redressement national d’ampleur.
On ne relancera pas le pays en faisant un remake du passé ou en résumant l’avenir à des duels de personnes.
Il faut un projet radical, ciblé sur la croissance et l’emploi.
Avec plus de 5 millions de personnes au chômage total ou partiel, avec 0% de croissance, il faut rompre avec les logiques du passé.
La France doit sortir des 35 heures et ramener la négociation du temps de travail vers les acteurs de terrain.
Face au mur de la complexité, il faut refonder le code du travail sur ce qui relève des normes sociales fondamentales et renvoyer le reste des dispositions à la négociation en entreprise.
C’est une révolution, et je l’assume au nom de la certitude que le maquis actuel est un tueur de croissance et d’emploi, au nom aussi d’une rénovation du dialogue social qui est beaucoup trop hiérarchisé et stéréotypé.
Nous devons aussi baisser fortement le coût de travail, en compensant cette réduction par une hausse de la TVA.
Par leurs complexités, ni le CICE, ni le pacte de responsabilité ne sont suffisamment puissants pour replacer notre coût du travail au niveau des leaders de l’OCDE.
Nous devons réformer notre marché d’emploi car il vaut mieux plus de souplesse que toujours plus de chômage.
Notre pays doit être la patrie des entrepreneurs, des investisseurs, des inventeurs et à cet égard, je préfère voir ceux qui créent de la richesse rester en France plutôt que de s’exiler ailleurs.
C’est d’ailleurs là tout le paradoxe socialiste qui prétend ne pas aimer les riches mais qui, pour sauver nos industries, quémande l’appui des investisseurs allemands, américains, qatariens et autres fonds de pension étrangers.
Au lieu de stigmatiser le capital, il faut le valoriser.
J’affirme et j’assume le fait que notre économie a besoin de liberté, bien plus que de socialisme. Et d’ailleurs, quelle autre solution ?
Lorsqu’un pays croule sous les réglementations et les impôts, on n’en remet pas une louche; lorsqu’il est seul au monde avec ses 35heures, on n’imagine pas de travailler moins; et lorsqu’il coule sous les déficits, on ne propose pas une relance budgétaire à fonds perdu.
J’ai dit un jour que «j’étais à la tête d’un Etat en faillite», et ne regrette pas d’avoir sonné le tocsin.
Pour revenir à l’équilibre de nos finances publiques il faut 100 milliards d’euros d’économies en 5 ans.
On n’atteindra pas cet objectif uniquement avec des coups de rabot.
François Hollande promettait de ramener nos déficits à 3% en 2015…
En, réalité, l’objectif sera peut être atteint en 2017. On a accablé les Français et les entreprises d’impôts, et on n’est même pas fichu de réduire les déficits en temps et en heure !
Maintenant, le gouvernement supplie nos partenaires européens d’accepter son laxisme. Il prétend le faire au nom de la croissance européenne mais personne n’est dupe : tout ceci masque son impuissance à rétablir vigoureusement nos comptes publics.
Il faut des réformes de structure, il faut replacer le temps de travail de la fonction publique à 39h, réduire les effectifs de 20%, valoriser parallèlement les carrières des agents publics, repenser nos administrations nationales et territoriales, il faut réactualiser nos acquis sociaux…
C’est un immense travail qui exige beaucoup de courage, mais si on ne s’y attelle pas nous serons incapables de redresser la France, car plus il y a de déficits plus il y a d’impôts, plus il y a d’impôts moins il y a de moyens pour financer la croissance, et moins il y a de moyens pour financer la croissance plus le chômage s’étend.
Voilà le cercle vicieux qu’il faut rompre !
Toutes ces mesures sont radicales, mais il faut savoir ce que l’on veut : le sursaut ou le déclin ?
En 1945 et en 1958, la France était à genoux. Le Général de Gaulle l’a redressée avec des mesures fortes.
Eh bien, nous en sommes là.
Ce n’est ni la gauche ni l’extrême-droite qui vont relancer le pays. Ce devoir nous incombe.
Avec Alain Juppé et Jean-Pierre Raffarin, nous assumons depuis cinq mois une mission de remise en ordre de l’UMP.
L’audit que nous avions commandé a confirmé la gravité de la situation; des mesures financières et organisationnelles ont été prises; la justice a été saisie pour nettoyer le passé.
En novembre, se tiendra notre Congrès.
J’ai eu l’occasion de dire et je le redis ici : je souhaite que la génération qui me suit prenne ses responsabilités car notre mouvement doit valoriser de nouveaux talents, de nouvelles méthodes.
Vous voterez pour qui vous voudrez, en conscience, car je me suis assez battu pour que la démocratie au sein de notre mouvement soit respectée pour ne pas respecter votre indépendance.
Je vous demande juste d’être exigeant sur les idées et sur les valeurs qui devront guider l’UMP car notre parti ne retrouvera pas la confiance des français en mettant la poussière sous le tapis.
Quant à moi, vous connaissez mon calendrier et vous savez mon objectif … Mais chaque chose en son temps !
En attendant, je bâtis un projet et je parcours la France.
J’ai rencontré des milliers de français.
J’en suis sûr : ils sont prêts à prendre des risques.
Prêts à se rallier à un projet décapant, porté par des responsables intègres et décidés.
Prêts à se battre pour retrouver le chemin du Progrès.
Le Progrès ! C’est d’abord la fierté d’appartenir à une nation magnifique qui mérite d’être aimée, respectée, sublimée aussi.
«Les pays qui n'ont plus de légende sont condamnés à mourir de froid», écrivait La Tour du Pin.
Nous sommes 65 millions dans un monde de 7 milliards d’habitants…
Si nous perdons la foi en la France, si l’idée d’une certaine grandeur se dissipait, alors que restera-t-il ?
Ayons foi en nous : soyons des patriotes au cœur ardent et pas des petits nationalistes, célébrons nos inventeurs et nos industriels, encourageons ceux qui ont l’audace de créer leur entreprise, applaudissons ces enfants des cités qui décrochent les plus hauts diplômes, remercions ceux qui s’engagent pour des causes humanitaires, saluons nos soldats qui défendent notre liberté, regardons l’avenir et défions-le !
Le Progrès, c’est la conscience que l’Histoire n’est jamais écrite.
Le Progrès, c’est avoir en soi cette flamme de la vie qui nous porte à penser que l’invention, la création, la rupture sont des sources de rajeunissement permanent.
Une société qui calcule tous les risques, c’est une société qui n’avance plus.
Alors, repoussons ces réflexes de surprotection, de sur-réglementation qui laminent notre vitalité.
Donnons à notre société l’oxygène qu’elle réclame en donnant à nos entrepreneurs, chercheurs, travailleurs, familles le pouvoir de tenir leurs responsabilités.
Le Progrès, depuis l’origine des temps, c’est un combat intime à chacun d’entre nous : entre le courage et la démission, l’intérêt personnel et l’intérêt général
Tout ne dépend pas des lois, tout ne vient pas du sommet, et il n’y a pas d’homme providentiel car en République chaque citoyen est comptable de ses actes, mais aussi de son pays.
Le jour où les Français pourront donner le meilleur d’eux-mêmes, la France - j’en ai la certitude - retrouvera cette force qui lui est innée.
Ceux qui pensent que notre peuple est à bout de course ont tort; c’est notre système qui l’est, or, un système ça se change !
En 1958, la France l’a fait ; le Royaume Uni l’a fait dans les années 80 ; le Canada et la Suède l'ont fait dans les années 1990 ; l'Allemagne l’a fait à partir de 2002.
Grâce à ses ressources, notre pays peut effectuer son retournement en deux ans, se redresser en cinq ans, et en l’espace de dix ans, la France peut être la première puissance européenne.
Voilà, mes chers amis, les convictions que je voulais partager avec vous.
Notre pays vit des heures difficiles mais, paradoxalement, je sens que la France peut se révéler d’une très grande audace.
Bien sûr les obstacles sont là, mais les enjeux sont de plus en plus clairs : les recettes du passé sont périmées ; la nation doit être rassemblée et modernisée de façon puissante.
Alors, sans trembler, je vous demande une mobilisation sans faille, je vous demande de rassembler vos forces, je vous demande d’être à l’avant garde pour dire aux Français que notre pays doit se dépasser et qu’il peut se relever.
Vous serez ainsi au service d’un idéal qui dépasse chacun d’entre nous. Cet idéal s’appelle tout simplement la République.
Vive la République, et vive la France !
De retour d'une visite auprès des réfugiés chassés par l'État islamique en Irak, François Fillon craint une contagion en Europe. L'ancien premier ministre vient de conduire une délégation de l'UMP à Bagdad et à Erbil dans le Kurdistan irakien.
Le FIGARO - Que faire pour lutter contre les exactions des djihadistes en Irak?
François FILLON - On ne peut répondre que par la force au danger et à la menace que représentent ces djihadistes, organisés, suréquipés. Il y a des milliers d'apprentis terroristes étrangers qui se sont engouffrés dans leur combat fanatique. On ne peut pas les laisser faire et ignorer leur crime, non! Barbarie, cynisme, violences inouïes… C'est une sorte de fascisme intégriste où tout opposant mérite la mort. Sans parler de l'esclavage ou de la traite des femmes… À cinq heures de vol de Paris, on vend des femmes sur le marché et on s'en vante! On assassine des enfants, des vieillards, des handicapés… C'est une question de civilisation. C'est l'humanité qui est interpellée par cette violence radicale. J'appelle donc à la force et à une réponse militaire puissante! Le président Obama a raison quand il dit qu'il faut éradiquer l'État islamique, car c'est l'alerte rouge en Irak. Cette menace pèse désormais sur le monde entier.
Comment s'engager concrètement?
Il y a trois urgences pour l'Irak. La première est humanitaire. Les réfugiés que j'ai rencontrés vivent dans des conditions épouvantables. Ils ne sont pas dans des camps mais dans les rues, les parcs, les églises, là où ils peuvent. Il fait actuellement 50° à l'ombre mais il va bientôt faire très froid, car cela va durer un certain temps. Je demande donc la réunion d'une conférence des pays donateurs pour organiser une aide immédiate en matière de logement, de santé et de scolarisation. Je suis choqué de constater l'inaction de l'Europe qui réagit d'ordinaire très rapidement à ce genre de drame.
Sur le plan militaire?
Il faut constituer sous l'égide de l'ONU une coalition internationale qui soit en mesure d'intervenir, y compris sur le terrain. La proposition de François Hollande de réunir une conférence internationale sur la question irakienne est une bonne idée. Je la soutiens à fond, à condition de déboucher sur l'implication dans le conflit des pays de la région comme la Turquie, l'Iran et les pays du Golfe, car il y a des interrogations sur qui aide et finance l'État islamique. Et pourquoi la plupart des combattants islamistes arrivent par la Turquie…
Quelle est votre troisième urgence?
Le gouvernement français doit se porter juridiquement devant la Cour de justice internationale, contre les auteurs de ces crimes et contre les dirigeants des États qui les soutiennent et les financent.
La France en fait-elle assez?
Il faut reconnaître que la France s'est engagée. Les livraisons d'armes ont commencé. J'ai rencontré les responsables militaires kurdes qui sont élogieux à cet égard, même si cela ne va pas assez vite. Ma démarche n'est pas partisane. Dans cette crise irakienne, la politique française va dans le bon sens, même si elle n'est pas assez puissante. Le président de la République devrait prendre des initiatives plus visibles pour entraîner les Européens.
Voyez-vous des risques de répercussions en France?
Si on ne stoppe pas l'État islamique aux portes du Kurdistan, le combat sera demain à Istanbul, Francfort, Paris, Londres… Il faut éviter la contagion et être absolument intransigeant en «criminalisant» toute participation à ce djihad pour que des citoyens français ou des personnes qui vivent sur notre territoire et qui manifestent d'une manière ou d'une autre un soutien à cette guerre puissent être pénalement responsables, condamnés, expulsés s'ils ne sont pas de nationalité française.
Pourquoi êtes-vous parti là-bas?
J'ai évoqué l'urgence humanitaire et militaire, mais il y a au cœur de cette question celle des chrétiens d'Orient. Leur extinction est désormais possible. La France a un rôle spécifique dans ce domaine que l'histoire lui a confié. J'estime donc nécessaire de mettre la lumière du projecteur sur eux.